Je suis l'électromécanicien de Concordia et j'habite en Saône et Loire dans
le Charolais.
Avant hier soir, le mercredi 9/02 nous avons dîné tous ensemble, Italiens et Français.
Bien sûr, notre cuisinier Jean-Louis, comme à l'accoutumée, nous avait préparé
un festin. Les repas de Jean-Louis m'ont déjà coûté 4 kilos supplémentaires. Le lendemain matin,
nous nous sommes réunis autour de la guitare de notre ami Biloute pour entonner
une dernière fois quelques chansons franco-italiennes, puis, vers 9 h 30 quand
l'avion arriva, l' hivernage se fit vraiment sentir . Les adieux commencèrent et j'avais l'impression que les Italiens,
toujours très chaleureux comme Sandro, Carlo et Antonio le super mécano,
avaient la gorge serrée tandis qu'ils nous donnaient de grandes accolades en
nous disant ciao, ciao... Là on
pouvait sentir l'amitié, la vraie...
Nous leur avons fait un dernier adieu en agitant trois drapeaux prévus à cette
occasion : italien, français, et, bien sûr, européen. Le twin-otter, comme pour
un ultime salut, fit un passage au-dessus des deux tours et disparut dans la
brume, à l'horizon.
Là, nous pouvions dire, malgré toutes les cérémonies officielles ou
officieuses, que l'hivernage commençait.
Nous avons repris tout de suite le travail, comme si on voulait oublier
temporairement cet instant. Un soulagement m'a envahi, j'avais l'impression
d'être venu ici pour vivre cela. Même si nous utilisons encore le camps d'été, cette fois nous étions
seuls. Pour moi ce sera une merveilleuse expérience humaine.
Si j'ai attendu pour me présenter c'est pour vous dire que Concordia est bien
viable pour les hivernants. En effet, ma première priorité était de rendre le
groupe de secours opérationnel, chose faite depuis fin janvier. Il a fallu
refaire l'armoire de régulation et nous avons eu un petit problème au démarrage
: le démarreur nous a lâché. Mais, heureusement, nous avons pu en faire venir
un autre par le twin-otter en provenance de Dumont d'Urville. Nous avons fait les essais en charge sans
difficultés. La production actuelle atteint sans problème les 140
kW.
Il faut dire que mon collègue de la période d'été, Arnaud, m'a beaucoup aidé.
L'autre priorité est le fondoir qui est arrivé avec le dernier raid. Là aussi
il a fallu repenser à l'asservissement électrique. Il ne fonctionne qu'en
manuel pour l'instant mais, depuis deux jours, nous commençons à produire nos
premiers litres d'eau .
Pour le moment, le temps est clément, ce qui nous permet d'affiner les travaux
extérieurs.
Puis, je passerai au regroupement de toutes les alarmes techniques gérées par
le système Cerberus ce qui réduira le temps de surveillance physique.
Ensuite, la partie Onduleur : tout est câblé mais, pour le moment, pas
encore opérationnel car j ai un problème de programmation que je n'ai pas eu le
temps de résoudre.