Février 2005 |
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Le 2 février 2005 :
Le raid est arrivé à 18 h 30. Il transportait, dans ses caisses, l’équipement
pour l’hôpital, le fondoir qui servira à produire l’eau, le matériel
manquant pour achever la construction, les vivres pour l’hivernage, le
gasoil,… Comme chaque fois à l’arrivée du raid, c’est l’effervescence
sur la base.
Je poursuis mes travaux à l’extérieur. J’ai fait déplacer le container que j’utilise l’été pour travailler devant la plateforme. Maintenant, il ne reste que l’igloo. Je dois procéder encore à quelques rangements et à quelques raccordements de câble pour pouvoir stopper les télescopes à distance, en cas d’urgence. J’ai dû intervenir deux fois sur le réglage de l’électronique du mât ces derniers jours et, au bout de quelques minutes, je ne sentais déjà plus mes doigts. J’ai donc soumis ce problème au chef de la logistique, Carlo Malagoli, et aussitôt, une solution m’a été proposée. L’électronique sera abritée dans un petit local chauffé, monté sur skis. Ici la logistique fait des miracles, rares sont les problèmes qui ne trouvent pas de dénouement opportun.
Dans les jours qui viennent, il y aura de nombreux départs. Vincent, le second cuisinier, rentrera avec le raid, comme conducteur, ainsi que deux autres techniciens de Concordia, Gilles et Hubert.
Demain, nous prévoyons une journée de grosse activité sur la base. Il faudra sortir et ranger le chargement du raid tout en continuant à assurer l’avancement du chantier. Ce ne sera pas le jour idéal pour solliciter une quelconque intervention concernant la science. Tout le monde sera fort occupé et le ballet va commencer dès 8 h du matin.
Lundi soir, j’ai finalement décidé de dormir dans ma chambre à Concordia et je ne l’ai vraiment pas regretté. Quel bonheur de se retrouver enfin à l’abri, bien au chaud, dans un bon lit et des draps tout neufs ! Ma nuit a été brève, mais j’ai vraiment apprécié l’espace, l’intimité et le confort.
Laurent, un des techniciens, a accepté ce soir de se métamorphoser en coiffeur. J’ai sorti ma tondeuse, je lui ai fait confiance, et il en a été digne. Un vrai résultat de pro ! Tous mes remerciements Laurent !
Le 3 février 2005 : Une deuxième nuit passée
dans ma chambre. C’est toujours le même plaisir, même si je dois me lever tôt
avant l’arrivée de l’équipe qui travaille à Concordia.
De toute façon, ce matin, j’ai un rendez-vous important. Au programme : déchargement, tri et stockage des produits alimentaires convoyés par le raid. Tous les hivernants sont présents car, comme le veut la tradition de Dumont d’Urville cette tâche leur est dévolue. Jean-Louis en est le grand organisateur. Il nous a répartis en deux groupes, un qui doit prendre en charge les produits laitiers et l’autre, le reste des aliments. Chaque équipe forme une chaîne,dont le point de départ est l’immense container débordant de viande, fromages, légumes, produits congelés, lapins, poulets, cuisses de grenouilles, poissons, moules,… jusqu’au container où seront stockés les vivres. Claire, Pascal et Jean-Louis annoncent le nom de chaque produit qui sera clamé chaque fois qu’il changera de main jusqu’au container de destination où Jean et Jean-François sauront alors précisément où et comment le ranger. Tout ça n’a l’air de rien, mais par –40°C ce n’est pas vraiment une partie de plaisir, rien de comparable avec les courses que l’on range au retour du supermarché. Heureusement, l’ambiance est toujours au beau fixe ce qui permet de surmonter bien des difficultés.
Quand tout fut terminé, j’ai quitté l’équipe pour poursuivre mon travail en solo. Je savais que ce soir-là, Jean-Louis, pour remercier les uns et les autres et pour fêter l’arrivée du raid avait prévu une de ces petites réceptions sympathiques dont il a le secret, ce qui m’a donné du cœur à l’ouvrage.
La soirée s’est poursuivie dans le laboratoire ConcordiAstro avec Claire, Michel et Jean-Louis qui sont venus regarder quelques photos. Jean-Louis avait apporté avec lui les restes de l’apéritif. Plus tard, je suis ressorti pour continuer mon activité sur le programme d’observation qu’Eric, depuis Nice, m’a demandé de réaliser.
Du 4 au 12 février 2005 :
Peu à peu, et de façon inexorable, la base se vide de ses occupants. Le point
d’orgue de cet exode a été le départ du dernier avion le 10 février. La
veille, nous nous étions tous retrouvés autour d’une grande table pour une
dernière soirée qui fut très émouvante. Carlo Malagoli nous a confié
combien il était insolite pour lui de faire la fermeture de la campagne d’été,
comme il en a l’habitude, tout en laissant derrière lui une équipe au grand
complet. Au nom des hivernants, Claire et Michel ont vivement remercié les
compagnons de l’été pour tous les efforts constants et enthousiastes fournis
afin de donner le coup d’envoi du premier hivernage au Dôme C. J’ai un
petit pincement au cœur en me rendant compte, ce de manière croissante, du coté
inédit et singulier que présentent les mois à venir : interruption
totale de la lumière du soleil. Ce voyage sur une autre planète que nous avons
l’impression de vivre depuis notre arrivée va à présent prendre tout son
sens.
Ces derniers temps, j’ai quelque peu laissé de côté mes observations pour aider aux derniers préparatifs. J’ai pris en charge le montage du fauteuil dentaire. D’après mes informations, nous sommes le second cabinet dentaire du continent Antarctique, le premier se situant à Mac Murdo. Il reste à faire les connexions électriques et le branchement de l’eau, mais aucune inquiétude, il y a parmi nous suffisamment de gens compétents dans ces domaines. Roberto a procédé au réglage de l’appareil radiographique. Claire et Christophe s’occupent du fondoir, Michel de l’onduleur et du groupe électrique de secours. Jean prépare les réserves d’eau et il prend en main l’atelier mécanique. Jean-François et Stéphane terminent les installations intérieures. Chacun y va de sa participation aux travaux en suspens. Roberto qui s’acharne sur la propreté des murs de l’hôpital a besoin d’aide. Il y a encore des rangements à terminer à l’extérieur tandis que le « Merlo » élévateur, atteint d’une overdose d’activité, est entrain de rendre l’âme et rejette l’huile de toutes parts. Heureusement, pour nous, nous n’en avons quasiment plus l’utilité. Nous prenons toutes les dispositions possibles pour que l’hivernage soit le plus aisé possible. De ce point de vue là, la confiance qui nous anime est sans faille.
Roberto monte le compresseur, et moi, le fauteuil dentaire
Comme notre groupe, l’environnement
s’est progressivement modifié.
Le soleil est de plus en plus rasant,
illuminant la base d’une belle couleur dorée.
Nous glissons doucement vers
l’hiver.
Le 15 février 2005 : Date officielle du début du premier hivernage au sein de la base Concordia. Pourtant, il a véritablement commencé pour nous le 10 février 2005 à 10 h 30 quand le dernier avion assurant les rotations de la campagne d’été s’est envolé avec, à son bord, les sept derniers membres de l’équipe en partance.
Sur la piste de décollage, il y avait treize hivernants, tous revêtus de leur tenues polaires bleues et rouges. Certains avaient en mains un drapeau, un européen, un italien et un français. Après les embrassades et les dernières paroles d’encouragement, nous nous sommes retrouvés seuls, envahis d’un sentiment complexe, mélange de joie et de tristesse. Sur le chemin du retour, ceux qui tenaient un drapeau l’ont brandi en direction de l’avion qui survolait les toits de Concordia, en un dernier signe d’amicale fraternité. Nous venions de vivre un des moments forts de notre existence.
16 février 2005 : La température chute un peu plus chaque jour et la luminosité décline. J’ai installé une webcam dirigée vers la base, les télescopes et la plateforme Concordiastro. Chaque jour, j’ai l’intention d'envoyer une image, dans une nouvelle rubrique WebCam, afin de vous donner un meilleur aperçu de l’évolution de la couleur du ciel. Le drapeau, au pied de la plateforme, vous permettra de jauger la force du vent.
Le premier coucher de soleil vu par un être humain au Dôme C. C’est émouvant et même s’il ressemble à beaucoup d’autres, il a une particularité : c’est de durer très longtemps.
Je ne sais pas si vous l'avez
remarqué, mais malgré l'activité incessant et le peu de temps libre, trois
d'entre nous, Christophe, Guillaume, et Michel Galland, ont déjà
rédigé leur présentation dans la chronique "Equipe".
18 février 2005 : Au programme, encore une opération déménagement. Aujourd’hui, nous sommes tous mobilisés pour transporter les produits frais du camp d’été vers Concordia. Il ne faut pas traîner, les fruits gèlent vite, même si Claire a eu l’idée de les recouvrir de deux couettes. Michel, tout content d'avoir trouvé une bouteille de limonade encore liquide, l'a vue se solidifier en quelques secondes entre ses mains. Jean-Louis organise les convois. Seuls, Christophe et Jean restent à leur poste pour assurer la surveillance de la centrale électrique et continuer à produire de l’eau. Encore un petit tour dans l’hôpital d’été pour récupérer les dernières caisses de médicaments.
Il fait beau mais le vent souffle légèrement et la température plafonne à –41°C. Alors, le résultat ne se fait pas attendre et au moindre dégagement d’humidité par la respiration, c’est le gel assuré rendant les visages méconnaissables.
Qui est Claire, qui est Christophe ?
En dehors de ces activités annexes, je continue à faire tourner mon programme scientifique. J’ai deux télescopes qui fonctionnent parfaitement. Je poursuis les observations pour la qualification du site. Par contre, j'ai été confronté à un problème de panne dans la transmission du signal des "chercheurs" installés sur les télescopes et je dois encore pratiquer plusieurs soudures sur le câble de la vidéo. J'ai pris aussi un peu de temps pour grimper sur le toit du bâtiment et installer les antennes pour le système de réception des radiosondes.
Depuis peu, j'arrive à observer des étoiles à l’œil nu (surtout CANOPUS et SIRIUS). Même si maintenant le soleil se couche, le ciel reste toujours éclairé comme il l'est chez nous, à 8 h du soir, en plein été. Un peu égoïstement, j'en conviens, j'ai hâte de contempler la nuit totale.
20 février 2005 : Nous avons la joie de vous annoncer la naissance du club de gymnastique de la base Concordia. Roberto a réussi à installer les différents appareils, je lui ai juste donné un coup de main pour la machine polyvalente de musculation. Ce club est situé dans le bâtiment bruyant, au-dessous de la cuisine. Au départ, cette pièce devait être consacrée au cinéma. Puis, elle a été choisie pour être transformée en salle de gymnastique car elle présente l'avantage de posséder deux fenêtres. Les équipements sont rutilants et nous avons même eu l'agréable surprise de découvrir, au milieu des caisses, une chaîne HiFi pour dynamiser l'ambiance. Roberto a procédé aux premiers essais et je crains qu'il nous soit impossible de nous esquiver car il a déjà entrepris de nous concocter un programme d'exercices qu'il entend bien nous voir réaliser. Actuellement, il est évident que l'activité physique ne nous fait pas défaut, et cela aussi longtemps que durera le travail de manutention sur la base. Mais dans une ou deux semaines, quand le froid rendra impossible toute sortie, ne serait-ce que pour faire quelques pas ou une brève course à pied, il faudra compenser ce manque par de l'exercice physique en salle, au moins pour tenir le corps en éveil.
Comme vous pouvez le constater, nous sommes de mieux en mieux préparés pour changer d’univers.
Côté science, les choses évoluent
positivement. Emanuele, mon collègue glaciologue procède tous les jours à des
prélèvements d'échantillons de neige et Guillaume, dans le cadre de son
programme de physique de l'atmosphère, effectue des mesures précises avec un
mini Lidar (rétrodiffusion de la lumière d’un faisceau laser par les
particules en suspension dans l’air) et poursuit l'échantillonnage de la température des 400 premiers
mètres atmosphériques grâce à un radiomètre.
23 février 2005 : Michel a troqué sa casquette de chef de mission contre celle de plombier : il s'agit d'établir le réseau de distribution d'eau dans la base. Plusieurs jours ont été nécessaires pour constituer une réserve liquide, indispensable en cas de problème avec le fondoir ou le bulldozer qui ramène la neige. Christophe et Jean n'ont pas ménagé leurs efforts pour venir à bout de cette tâche. Les deux fondoirs, celui du camp d'été et celui de la station, ont fonctionné simultanément, puis, l'eau obtenue à la base d'été a été transporté jusqu'à Concordia. Aujourd'hui, la réserve est prête, le fondoir de la base est raccordé. Michel et Stéphane ont procédé à une minutieuse inspection à la recherche d'une éventuelle fuite. Mais tout est impeccable. A Dôme C, un des gros avantages est d'avoir toujours sous la main un plombier qui peut intervenir dans l'urgence.
Jean-louis, de son côté, a sélectionné, au cours de l'après-midi, les produits nécessaires à la préparation des derniers repas dans le camp d'été pendant 4 à 5 jours encore. Il a tout transféré avec l'aide de Claire. Il faut vous dire qu'actuellement nous partageons toujours nos activités entre la base Concordia et le camp d'été (la base pour les chambres et les laboratoires et le camp d'été pour la cuisine et le restaurant). Mais cela devrait bientôt cesser avec notre repli intégral dans Concordia d'ici peu.
Pascal, notre radio électronicien /
informaticien, s'arrache les cheveux avec le système de communication par
e-mails. Il faut bien reconnaître qu'en informatique il est quasiment exclu que
tout marche du premier coup. Aussi, rien de grave, juste une question de temps.
Actuellement, nous ne sommes jamais sûrs de recevoir tous les courriers qui
nous sont destinés et nous ne savons pas non plus si les mails envoyés
arriveront à destination. Nous sommes parfois obligés de réexpédier certains
messages et l'ordre chronologique n'est plus respecté.
Pour ma part, comme je suis plus ou moins façonné par les observations
astronomiques, j'ai l'habitude de travailler pendant une bonne partie de la
nuit. Le matin, après un réveil parfois un peu laborieux et une première
séance de mails, je prends mon petit-déjeuner, puis je me rends à
l'observatoire (épreuve de plus en plus désagréable au fur et à mesure que
la température décroît) pour vérifier l'état des télescopes et, surtout,
celui des câbles afin que le suivi du dispositif ne se heurte à aucun
problème. De temps à autre, il arrive que la manip subisse une coupure de
courant électrique et je dois alors m'assurer que le pointage des télescopes
est toujours correct. Cette dernière difficulté est moins problématique
depuis que j'ai installé un onduleur, il y a 4 jours. Après les vérifications
et les réglages, je poursuis par l'archivage des données obtenues. Il y a
aussi des variantes à mon programme : cet après-midi, avec Emanuele, j'ai
consacré 3 h à nettoyer la salle à manger et le séjour. Nous mettons tout au
point pour l'arrivée, maintenant imminente, du Chef dans sa cuisine de
Concordia.
Il est indéniable qu'une participation étroite des scientifiques à la vie de la base s'impose. Au moindre appel par radio de nos collègues techniciens, nous abandonnons nos laboratoires pour aller prêter main forte.
Aux dernières nouvelles qui sont parvenues jusqu'à nous, il paraît que la neige tombe en France et en Italie provoquant de nombreux embouteillages. Ici, pas le moindre flocon et les embouteillages ne sont plus pour nous qu'un très vague souvenir.
25 février 2005 : Par - 55,6°C, je vais me livrer à un exercice périlleux : aller pointer le télescope. Par chance, aujourd'hui il y a peu de vent. La toute première difficulté est de se rendre à l'observatoire situé à 320 mètres de la base. Avec notre "harnachement" cela demeure une épreuve encore supportable. Pourtant, à chaque pas, j'entends ma combinaison durcie par le gel, bruisser de toutes parts comme un sac en plastique que l'on froisse. Pour me donner du courage, je m'amuse à souffler de grandes quantités d'air qui forment aussitôt de longues traînées blanchâtres dans un ciel d'un bleu profond. Les résultats de l'opération sont satisfaisants : comme il y a peu de turbulence, sur une heure, j'ai enregistré un seeing de 0.18 arc/sec. Ce n'est qu'un début.
Mes collègues australiens m'ont contacté pour aller vérifier AASTINO. Il semblerait que l'expérience ne réponde plus depuis le 13 février. Le problème me paraît plus "vicieux" encore que la dernière fois. Tout à l'air de bien fonctionner, sauf que rien ne tourne. Le Sodar, sondeur acoustique destiné aux mesures de vent et de profils de vitesse, n'émet aucun son et pourtant les appareils sont dans leur configuration de marche. Demain, secondé par une assistance téléphonique en direct de Sydney, je verrai s'il est possible d'intervenir.
Le temps est très beau, mais, au niveau météo, nous avons battu le record. Hier, le 24 février, à 3 h du matin, le thermomètre a chuté et la température a stagné pendant une heure aux alentours de -60°C. C'est impressionnant !
26 février 2005 : En fin de journée, nous avons eu droit à une prodigieuse mise en scène. Imaginez le décor : un ciel encore nimbé d'une belle lumière. Côté sud, un superbe coucher de soleil qui est parti pour durer plus d'une heure. Côté nord, sur l'horizon, une large bande bleue sombre, avec juste au-dessus un dégradé allant du rouge incarnat au rose pâle. Puis nous avons droit à une majestueuse apparition de la lune qui se lève comme par magie sans qu'aucun obstacle visuel ne vienne entacher le spectacle. Vers 21 h, elle resplendit dans sa plénitude sur un fond de ciel rose. Le temps d'aller récupérer à la hâte ma caméra et elle est déjà suivie par Jupiter. Subjugué par tant de splendeur, je me lance fébrilement dans une série de photos, mais avec un objectif gelé, la mise au point est problématique. Dans mon enthousiasme, j'oublie un détail : nous sommes en Antarctique et le thermomètre indique -56;2°C. Soudain, je réalise que je ne sens plus mes doigts et je suis obligé d'abandonner la séance pour me précipiter à l'intérieur du camp afin de tremper mes mains dans de l'eau tiède. Il a fallu beaucoup de patience pour réussir à récupérer enfin un peu de mobilité. C'est décidé, dorénavant je n'utiliserai plus que les gants réservés aux très basses températures car je ne tiens pas du tout à renouveler l'aventure. J'espère, si j'arrive à vous les transmettre, que vous apprécierez ces quelques photos. Plus tard, fort agréablement, un réconfort supplémentaire m'a été offert grâce aux délicieuses crêpes au chocolat recouverte de Chantilly préparées par le Chef.
28 février 2005 : Le jour J est arrivé, les conditions sont réunies et le chef de mission a pris la décision : nous vivrons dorénavant dans la station à temps complet.
Michel, l'électromécanicien, se démène pour, à la fois, mettre en place les machines, brancher le four, installer les prises qui manquent et donner un coup de main à Jean-Louis afin de préparer les tables car c'est son tour de service. Ce soir, le pari est gagné, tout est bouclé et ce n'était pas joué d'avance vu la charge de travail.
Le Chef, avec la participation de Guillaume, a mijoté un gigot accompagné de haricots que nous allons déguster dans la nouvelle salle à manger, face à un somptueux coucher de soleil. Seule ombre à ce tableau idyllique : la machine à laver la vaisselle n'a pas fonctionné (sans doute un problème électronique qui sera réglé demain), et comme nous n'avons pas eu le coeur de laisser Michel se débrouiller seul, nous avons partagé avec lui la corvée de plonge.
Après
le repas, Jean-François, Stéphane et Jean se sont réunis dans le séjour pour
une délassante partie de fléchettes. Les autres, vaincus par la
fatigue, ont rejoint leur chambre pour un repos bien mérité. Quant à moi,
n'ayant pas cette chance, j'ai regagné mon laboratoire pour reprendre les
observations et mettre à profit ce moment de calme pour lire et répondre aux
mails.
Je voudrais, par ailleurs, ouvrir une parenthèse pour vous dire que je suis bien conscient du manque de régularité dans la mise à jour du site. Je sais qu'il est décevant de ne pas pouvoir lire journellement les nouvelles. Mais il ne faut pas oublier que la communication dans les conditions exceptionnelles que nous vivons n'est pas un exercice simple. Il ne suffit pas de vouloir, il faut aussi pouvoir. Nous sommes actuellement toujours en phase de test et de mise au point des installations. La technique ne répond pas systématiquement et l'humain est parfois exténué. Ah, si l'Antarctique, cet univers magique qu'il faut à tout prix protéger, était aux portes de Paris ou de Rome... ! Mais alors où serait le charme de l'aventure, où serait la part de rêve ?