Tout va bien Docteur ? 
Les examens médicaux ont commencé ce mois-ci. Nous devrions avoir au moins 4 examens médicaux pendant l’hivernage. Beppe est chargé de mener ces examens qui concernent le poids, l’appareil cardio-vasculaire (tension, fréquence cardiaque, pouls périphérique), l’appareil respiratoire (auscultation pulmonaire), l’appareil digestif avec palpation abdominale, l’examen neurologique (réflexes), l’examen cutané et surtout un interrogatoire général sur le bien-être, le sommeil … L’altitude, le faible taux d’humidité et le froid sont les trois spécificités liées à Concordia :

L’altitude engendre une hypoxie (manque d’oxygène). Cela se traduit par une accélération du rythme cardiaque pour apporter suffisamment d’oxygène aux muscles.  Typiquement le rythme cardiaque augmente d’environ  15%. Normalement  le rythme cardiaque  va en se normalisant au cours de l’hivernage. Le taux d’humidité dans l’air, extrêmement faible,  engendre de petits désagréments (muqueuses des lèvres, des narines … ), une sécheresse de la peau et des difficultés à la cicatrisation. Enfin,  une exposition prolongée au froid peut engendrer le gel  des extrémités (oreilles, nez, doigts, pieds).

Le poids doit être suivi avec attention, du fait de l’hypoxie et du travail à des températures basses. A Concordia la consommation d’énergie pour des efforts simples est augmentée, ce qui peut provoquer un amaigrissement si l’apport alimentaire n’est pas suffisant.

3/3/2007 : Sortir accompagné le soir ...
Début mars, le Soleil se couche de plus en plus tôt. Les nuits commencent à être noires. Pour des raisons de sécurité, nous devons prendre quelques précautions : Toute personne qui  doit sortir le soir au delà d'un périmètre de quelques dizaines de mètres de la Station doit être accompagnée et doit avoir sa radio (plus une batterie de rechange car les batteries se déchargent  très vite à cause du froid).

Des masques transparents, très pratiques quand on sort le soir, nous ont été distribués ainsi que des cagoules.  En dessous de -50 degrés il faut se couvrir entièrement le visage sinon gare au gel! Nous disposons également de chaufferettes pour les mains et pour les pieds. Eh, oui il faut tout cet arsenal pour combattre le froid !

6/3/2007 : En direct à la télé ...
Nous avons été contactés par la chaîne de télévision Direct 8 pour passer en direct dans l'émission 'Complément Terre' pour un numéro spécial sur l'hivernage en Antarctique. Mon collègue astronome Eric Aristidi hivernant 2006 et un hivernant 2005 à Concordia étaient présents sur le plateau. Les questions concernaient les conditions d'hivernage et les acticités scientifiques menées à Concordia. Nous étions tous présents même si tout le monde n'a pas pu s'exprimer. L'intérêt, pour nous, est de faire connaître la Station Concordia et les activités scientifiques  qui y sont menées.

7/3/2007 : Accident fictif à AstroConcordia  ...
Nous avons suivi une formation de premiers secours donnée Beppe, qui a beaucoup insisté sur la particularité du Dôme C, où les conditions climatiques sont extrêmes. En cas d’accident survenu à l’extérieur de la station, il faut ramener le blessé à l’intérieur de la station le plus rapidement possible. Suite à cette initiation deux groupes ont été formés : Le groupe A comprend Beppe (Médecin), Christophe, Djamel, Runa et Alessandro. Le groupe B : Yvan (Médecin), Pietro, Maurizio, Jean-Pierre et Carlos. François et Federico doivent rester à la salle radio. Benoît et Nicolas à la centrale électrique. Chacun a un rôle bien précis. Dans mon groupe par exemple, je suis en charge des communications radio tandis que Christophe doit conduire le Skidoo. Si le blessé appartient au groupe A, c’est le groupe B qui intervient et inversement. Nous avions programmé une simulation avec chacun des deux groupes.

François, qui fait partie du groupe A, a été désigné pour ‘jouer’ le blessé. C’est donc le groupe B qui doit intervenir. François a choisi de ‘tomber’ de la plateforme AstroConcordia et de se ‘casser’ une jambe. En bon comédien, il s’est allongé au pied de la plateforme et a appelé les secours par radio. Yvan, le médecin, Pietro et Maurizio sont partis le chercher avec le skidoo et l’ont ramené à l’hôpital qui se trouve à l’intérieur de la station pour le soigner.

Nous nous sommes rendu compte, à travers cet exercice, que l’intervention est rendue très difficile par le froid. Espérons qu’il n’y aura jamais d’accident. La semaine prochaine, simulation d’un accident avec le groupe A dont je fais partie. C’est Jean-Pierre qui fera le blessé. L’accident aura lieu cette fois-ci devant le fondoir à proximité de la base. Nous devons récupérer le blessé sans utiliser le skidoo.

10/3/2007 : Maghreb à Concordia ...
Carlos, notre Chef cuisinier nous a proposé de faire un repas thématique tous les 15 jours. Nous avons commencé par un repas chinois, suivi par une soirée italienne. Carlos voulait apporter un plus, au niveau de la décoration, à ces repas thématiques. Nous avons donc innové avec la soirée maghrébine : En plus d’un menu typique, il fallait aussi trouver un thème au niveau de la décoration. J’ai été naturellement volontaire pour aider Carlos dans les cuisines. Au menu Couscous et pâtisseries ‘maghrébines’ tandis que Yvan, Jean-Pierre, Nicolas, Beppe, Christophe et François se sont proposés pour fabriquer et installer les décors. L’idée était donc de planter une tente dans la salle du restaurant. Yvan a fabriqué la table basse et nous avons laissé notre spécialiste en bricolage Jean-Pierre s’occuper du reste. Un palmier, un chameau, une chèvre ont été fabriqués pour l’occasion. Carlos s’est chargé de semer quelques épices par terre pour simuler le sable …

Seul petit problème, le déguisement des invités n'était, à mon avis, pas adapté. Mes collègues ont confondu Maghreb et pays du Golfe.  Mais c'est l'antarctique! Benoît est le seul a avoir mis une tenue adaptée et  Maurizio a eu le mérite de mettre un beau voile bleu sur la tête …

11/3/2007 : Séance Sauna ...
Nous avons transporté le Sauna du camp d’été pour l’installer près des bâtiments de Concordia juste à côté du fondoir.  Le temps que Nicolas fasse le branchement électrique et nous avons donc pu l’utiliser pour la première fois depuis le début de l’hivernage. Pour des raisons d’économie d’énergie, nous ne pouvons malheureusement l’utiliser qu’une fois par mois …

GIVRE … dégivre ...
La température varie entre -20 degrés et -80 degrés au Dôme C. La conséquence de cet  environnement extrême est la formation de givre, particulièrement  sur les optiques des télescopes. L’expérience GIVRE, développée par le CEA (Commissariat à l'Energie Atomique) avec la participation du LUAN (Laboratoire Universitaire d'Astrophysique de Nice), est destinée à évaluer les conditions d’apparition du givre sur les optiques des télescopes et à l’éliminer. Le principe est relativement simple. Des cylindres et des disques sont disposés sur deux échelles, l’une au niveau du sol, l’autre une dizaine de mètres plus haut. On enregistre la formation du givre sur les disques et les cylindres. Sur chaque échelle est disposé un cylindre, en aluminium, qui sert de référence, ainsi que d'autres cylindres (en noir) équipés de systèmes chauffants, pour être portés à des températures différentes. Le but est donc d’éliminer le givre qui se forme sur les disques en les chauffant. Chaque disque peut-être porté à une température donnée. Sur chaque échelle sont installés  une caméra et une lampe. Des prises de vue sont effectuées régulièrement. Les différences de température entre les cylindres ainsi que les périodes de dégivrage sont des paramètres libres qu’on peut faire varier. François a beaucoup œuvré  pour la réussite de l'installation de cette expérience à Concordia.  Alain Pierre a également apporté une contribution significative à l'installation de l'expérience.

Les brèves d'Yvan ...
J’ai demandé à Yvan l’autorisation de publier, dans mes pages, quelques unes des ‘brèves’ qu’il nous envoie régulièrement. Il a accepté gentiment. Ces ‘brèves’ sont généralement en rapport avec l’actualité de Concordia.  Je vous les livre telles qu‘elles nous sont envoyées :

Beppe est en fait sponsorisé par « Stilmox », il fait une étude sur lui-même pour entrer en hibernation... Sa manip a l’air de bien fonctionner.

Runa et small « International Robotique Antarctique Infra Red Télescope ». Bon, je pense que si on veut le sauver de la dépression profonde, il faut prendre des mesures. Une canne à pêche et on ballade une boule de pétanque devant son télescope pendant une heure ou deux….  Il va bien croire à une exo-planète qui passe par là…

« Grue, Chargeuse, Bull » ou « Grugeuse, Brue, Chull » ou « Bargeuse, Chrue, Grull » ou…..  Christophe se pose des questions, c’est sûr ... Quelle transformation faire?

Maintenant, grâce au site de Djamel, ma mère m’écrit des mails pour que je range mes souliers qui traînent dans le couloir de Concordia. Merci Djamel..

Dans le 'Shelter Vitale', se trouvent les  instruments de mesure des aérosols et de la concentration d'ozone et, à côté, sur une plateforme située à environ 3m du sol, se trouvent les radiomètres et les photomètres qui permettent de mesurer la radiation solaire directe et diffuse (BRSN). Deux instruments (SAOZ et UVB)  appartenant à  nos collègues  du service d'aéronomie (CNRS) se trouvent également dans ce 'Shelter'.  

L'étude des aérosols est importante car ces derniers  jouent un rôle non négligeable  dans l'équilibre radiatif de la planète et peuvent avoir de grandes conséquences sur le climat. La concentration d'aérosols est faible en Antarctique comparée aux autres régions de la planète et  est  caractérisée par une variation saisonnière de grande amplitude (10 fois plus grande en été qu'en hiver). Les stations d'observations au sol sont très dispersées à travers le continent. La station de Concordia permet d'effectuer des mesures d'absorption des aérosols, à différentes longueurs d'ondes,  leur distribution en taille ainsi que le nombre de particules par volume d'air.

Des mesures de concentration d'ozone en  surface sont également effectuées pour étudier leurs variations temporelles. Il est prévu d'effectuer à partir de cette année des mesures de concentration d'ozone stratosphérique. L'objectif de ce programme est la surveillance à long terme et la compréhension des processus physico-chimiques contrôlant l'ozone qui est essentiellement localisée dans la stratosphère, région comprise entre 10 et 50 km d'altitude de l'atmosphère terrestre. Les mesures de la concentration d'ozone stratosphérique seront effectuées à l'aide d'un radiosondage à raison d'un lâcher de ballon par semaine environ, de juillet à novembre. 

Deux expériences complémentaires de mesure d'ozone et de rayonnement UVB sont également effectuées automatiquement par les instruments SAOZ et UVB  installés par les collègues du service d'aéronomie (CNRS) pendant la campagne d'été. SAOZ est un spectromètre visible et ultraviolet qui mesure la lumière diffusée du soleil au zénith.  UVB est un radiomètre qui mesure les rayonnements ultraviolets solaires très énergétiques (UVB). Ces deux instruments fonctionnent automatiquement.  Maurizio surveille régulièrement l'état des capteurs (dépôt de neige, givre), tandis que  je suis chargé de surveiller  le bon fonctionnement du programme d'acquisition ainsi que l'envoi automatique, une fois par jour, des données vers Paris.

17/3/2007 : St-Patrick ... 
Tous les événements doivent être fêtés à Concordia! Voici en quelques photos l'ambiance qui régnait dans le 'Workshop' (Atelier) de la base le soir de la St-Patrick. Comme d'habitude les costumes sont dus au génie de Jean-Pierre aidé par Yvan.

24 & 26/3/2007 : Vidéoconférence et Emission Radio 
Le 24 mars, nous avons eu une vidéo-conférence avec La Cité des Sciences et de l'Industrie à la Villette. Tous les hivernants étaient présents. Les questions concernaient aussi bien la vie de la base que les activités scientifiques menées pendant la période d'hivernage. Nous avons réussi à transmettre une vidéo présentant nos activités scientifiques.  Cette vidéo, de 3 minutes environ, a été tournée par notre cinéaste Beppe 'Felini', fin  janvier.

Le 26 mars, nous avons eu une interview téléphonique avec  Radio France International. L'interview, qui a duré une heure, devait servir à préparer deux émissions, de 20 minutes chacune, sur la Station Concordia. La première émission concerne la vie dans la base tandis que la seconde émission était liée à nos activités scientifiques. Etaient présents pour répondre aux questions de la journaliste Agnès Rougier : Pietro di Felice, Alessandro Iacomino, Yvan Levy, Runa Briguglio, Maurizio Busetto et Djamel Mékarnia.

Concordia

Journal

Hivernants

AstroConcordia

WebCams-Météo

Contacts