Une analyse fréquentielle des 7000 mesures du diamètre horizontal
faites par La Hire montrent la présence d'une oscillation de période
moyenne de 9,6 ans (Ribes et al. 1989). D'autres
oscillations sont également visibles en particulier pour des périodes de
l'ordre de 2 à 3 ans et de 17 mois. L'amplitude de
ces dernières excède à peine 2 à 3 fois le niveau du bruit,
principalement à cause des incertitudes inhérentes à l'optique
de l'époque. Elles sont cependant visibles dans d'autres indices
de l'activité, ce qui suggère qu'elles soient réellement présentes
dans le diamètre solaire. L'analyse par Fourier révèle aussi l'existence
d'une périodicité à 6 mois d'amplitude 15 fois plus importante que
celle du bruit. Elle résulte très probablement des différentes
latitudes héliographiques couvertes lors des observations annuelles.
Un instrument méridien n'observe en effet pas toujours le même
diamètre : aux solstices d'été et d'hiver c'est le diamètre
équatorial qui est mesuré alors qu'à l'équinoxe de printemps
(respectivement d'automne), on voit le diamètre correspondant à une
latitude héliographique de +30 (resp. de -30
).
Ce phénomène est la conséquence de l'inclinaison de 23
,27'
de l'axe de la Terre par rapport au plan de l'écliptique ajouté
des
environ de l'inclinaison de l'axe de rotation solaire.
Pour peu que les centres actifs modifient le diamètre apparent des latitudes
actives (voisines de
), cela créerait une variation
semi-annuelle dans les mesures (Ribes et Nesme-Ribes 1993).
Cette étude montre que l'oscillateur solaire aurait continué de fonctionner
durant le minimum de Maunder bien que l'activité des taches ait
été réduite à son minimum. L'observation d'aurores boréales au
milieu du XVII siècle semble confirmer la présence du cycle
d'activité magnétique (Schröder 1988).
De même, la modulation de l'abondance du
C (Damon et Sonett 1991)
ou du
Be en donne d'autres
évidences
(Beer et al. 1991).
Le nombre de taches et le diamètre
solaire observés de 1660 à 1719 ont récemment été analysés
à l'aide de l'ondelette de Morlet
(Nesme-Ribes et al. 1995, voir l'article en annexe). Les diamètres
utilisés proviennent des mesures de Mouton (1659 à 1661), de
Picard et Richer (1666 à 1672) et de La Hire père (1683
à 1718) et fils (1719). Une série de mesures récentes (1978 à 1995)
fournie par F. Laclare, observant à l'astrolabe du
CERGA, a elle
aussi été analysée.
Le nombre de taches provient d'une reconstruction
de l'activité solaire par Hoyt et al. (1994, voir le chapitre 5).
L'analyse a été faite pour les deux
séries de diamètre et de taches. L'oscillation à 11 ans est très
clairement visible sur les données du diamètre historique et est en
opposition de phase avec celle du nombre de taches. Il en est de même
pour l'oscillation présente dans les données récentes bien qu'elle
soit d'amplitude plus faible.
L'amplitude de ces oscillations et leur variation au cours du temps peuvent
être suivies par le biais des coefficients d'ondelette. Le cycle
de 11 ans n'est visible pour les taches qu'à partir de 1695, date à
laquelle correspond la fin du minimum de Maunder. À l'inverse, l'oscillation
du diamètre est très intense durant cette période et s'atténue
à partir de 1695. Ces résultats montrent que le minimum de Maunder est
caractérisé par une forte oscillation hydrodynamique associée à
une faible oscillation magnétique alors qu'au XX c'est l'inverse
qui est observé. Ces phénomènes montrent l'intérêt des longues
séries d'observation pour comprendre l'évolution du magnétisme.
vig@