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Chapitre 5 : Étude du nombre de Wolf

En 1848, Heinrich Schwabe (1789-1875) annonça pour la première fois que le nombre de taches solaires qu'il observait depuis 1826, variait avec une périodicité probable de 10 ans. Rudolph Wolf (1816-1893) confirma la découverte de Schwabe en étudiant toutes les données disponibles sur les taches. Il affina la période moyenne du cycle à 11 ans et en 1848, il introduisit le nombre relatif de taches (plus connu sous le nom de nombre de Wolf ou de Zürich), , qu'il définit ainsi : est le nombre de régions perturbées (soit par des groupes, soit par des taches individuelles), le nombre de taches individuelles et un coefficient personnel. La valeur de ce coefficient dépend de la méthode de l'observateur pour le comptage des taches et leur subdivision en groupes, de la taille du télescope, du grossissement employé, des conditions d'observation, etc. Pour ses observations, Wolf lui attribua une valeur de 1, puis en 1882, ses successeurs, introduisant un changement dans la méthode de comptage, lui donnent une valeur de 0,6. Actuellement, le centre de Zurich qui reprend l'ensemble des données des différents observatoires, attribue à chacun d'eux une valeur pour de façon à rendre les mesures homogènes. Wolf a multiplié le nombre de groupes par 10 afin de donner plus d'importance à l'apparition d'un nouveau groupe qu'à celle d'une nouvelle tache dans un groupe. La séparation des taches en groupes peut être difficile en période de forte activité, lorsque plusieurs groupes apparaissent les uns à côté des autres ou lorsqu'ils dessinent des structures complexes. Dans ce cas, des règles (données par Künzel), spécifiant quelques caractéristiques des groupes et taches, peuvent aider à leur classification.

La valeur journalière de ne donne qu'une indication quant au nombre de taches présentes sur l'hémisphère visible. Du fait de la rotation solaire cette valeur varie d'un jour à l'autre. De plus, le facteur 10 attribué au nombre de régions perturbées peut augmenter considérablement la valeur de simplement par l'apparition d'une tache isolée supplémentaire d'un jour à l'autre. Une moyenne annuelle du nombre de Wolf constitue donc une meilleure représentation du niveau d'activité.
La définition de est par ailleurs assez arbitraire : même dans des conditions d'observations similaires, plusieurs observateurs peuvent obtenir des valeurs de et de différentes. La mesure de l'aire occupée par les taches est par conséquent plus objective. Elle a été mesurée photographiquement à l'observatoire royal de Greenwich depuis 1876. Le nombre de Wolf a cependant l'avantage considérable de la longueur de la série temporelle (figure 5.1) puisque les taches ont été répertoriées régulièrement depuis le tout début du XVIII siècle.

Le nombre de Wolf est un indicateur partiellement quantitatif reflétant généralement l'activité globale sur le Soleil. Il permet de tester des modèles théoriques sur des échelles de temps relativement grandes. L'activité solaire ayant un impact certain sur l'atmosphère terrestre, il est aussi possible qu'elle en est un sur l'évolution du climat. Les analyses actuelles du cycle solaire révélées par le nombre de Wolf se tournent donc vers les études des relations entre données climatiques et données solaires. Si de telles relations existent, les modélisations de la variation du nombre de Wolf pouvant conduire à des simulations du niveau de l'activité solaire dans le futur ou dans le passé, il serait, théoriquement, possible de reconstruire l'évolution climatique passée et de la prédire. Nous pourrions alors savoir si le Soleil a réellement eu un rôle important lors de la période de refroidissement terrestre qui fut répertoriée sur les régions de l'Atlantique Nord. Rappelons que simultanément à ce ``petit âge glaciaire'' (de 1640 à 1705), peu de taches furent visibles sur le Soleil (minimum de Maunder, de 1645 à 1715).

Récemment, Hoyt et al. (1994) ont introduit un nouvel indicateur de l'activité qu'ils ont appelé le Group Sunspot Number. Leur série temporelle est une reconstruction objective et homogène du nombre de Wolf, basée uniquement sur des nombres de groupes. En effet, Hoyt et Schatten (1992) ont montré que 90 % de la variabilité du nombre de Wolf était attribuable aux variations dans le nombre de groupes. Par ailleurs, Schaefer (1993) a montré que le nombre de Wolf pouvait être égal à un multiple du nombre de groupes.
Le nombre de groupe de taches (à partir duquel est calculé le Group Sunspot Number) a été calculé à partir de 349000 observations journalières obtenues par plus de 350 observateurs entre 1610 et 1993. Afin de rendre les mesures homogènes, Hoyt et al. utilisent les données de l'observatoire royal de Greenwich comme référence (disponibles de 1874 à 1976 et considérées comme les plus fiables) et normalisent toutes les autres observations à cette série temporelle. Ils obtiennent donc un ensemble de données qui aurait été identique à celui de Greenwich si Greenwich avait observé continuellement entre 1610 et 1993. Ils déduisent de cette série le Group Sunspot Number en égalant la moyenne de leur nombre de groupes entre 1874 et 1991 avec celle du nombre de Wolf pour la même période. Pour que les moyennes soient identiques, il est nécessaire de multiplier leur nombre de groupes par 11,93. Leur Group Sunspot Number (voisin en moyenne du nombre de Wolf) est alors ainsi défini : est le nombre de groupes de taches qui aurait été compté si Greenwich avait observé. Le nombre de Wolf et leur Group Sunspot Number est à peu près identique à partir de 1870 environ. Il y a en revanche de sérieuses différences pour les décades antérieures, étant systématiquement plus petit que le nombre de Wolf. est représenté sur la figure 5.1 (en trait continu) de même que le nombre de Wolf (en traits pointillés) par comparaison.

Sur la figure 5.2 sont représentées les transformées de ces deux indicateurs de l'activité : en trait continu est dessinée la transformée de Fourier du Group Sunspot Number et en trait pointillé, celle du nombre de Wolf. Les séries temporelles ont été découpées en quatre parties qui se chevauchent. Cela permet de constater que l'amplitude du pic correspondant à l'oscillation de 11 ans ou à celle du cycle de Gleissberg (80 ans environ) varie avec le temps. Ce n'est que sur les données récentes que le cycle de 11 ans est le plus actif. Les différences entre les analyses spectrales des deux séries temporelles sont appréciables pour les deux graphiques du haut et s'atténuent considérablement à partir de 1891.



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vig@
Fri Nov 1 15:25:10 MET 1996