Comparaison Références bibliographiques Conclusion


Les perspectives

Afin de comprendre l'origine des décalages entre les différentes séries temporelles, il est nécessaire de travailler sur des images haute résolution du Soleil prises dans les différentes couches de l'atmosphère solaire au même moment. L'analyse de telles images est actuellement en cours de réalisation (White 1995, Kariyappa et Pap 1996). Ces analyses sont cependant très longues car les objectifs à atteindre requièrent la séparation des différents éléments magnétiques en terme du flux convoyé et par conséquent de l'impact différent qu'ils peuvent avoir sur l'irradiance totale. Il est aussi nécessaire d'estimer la contribution des régions solaires hors champ magnétique. Différentes techniques comme l'intelligence artificielle et/ou la reconnaissance de forme peuvent considérablement aider à la détection et à la séparation des différentes structures présentes sur le disque solaire. Malheureusement les séries temporelles existantes, bien qu'elles aient l'avantage de couvrir plusieurs cycles solaires, ne sont pas d'une précision suffisante pour une bonne estimation des effets induits sur l'irradiance totale. Les observations à haute résolution faites par le Michelson Doppler Imager (à bord de SOHO) vont, par conséquent, considérablement améliorer notre connaissance et notre habileté à interpréter les résultats décrits dans Vigouroux, Pap et Delache (1996). Il sera en effet possible de séparer avec précision les contributions des différentes régions du Soleil aux variations de l'irradiance. Notons aussi qu'il sera possible à l'aide des données de cet instrument de mesurer le diamètre solaire et d'estimer les effets sur le rayon dus aux passages de taches et de facules sur le bord du disque.
Par ailleurs, les analyses des premières données des trois radiomètres de l'instrument VIRGO (Variability of solar IRradiance and Gravity Oscillations) montrent que l'influence des taches sur l'irradiance relève d'un phénomène assez complexe : Claus Fröhlich a en effet montré, au cours du worskhop SOLERS22, que le passage d'une petite tache sur le disque solaire avait d'abord augmenté l'irradiance totale avant de la diminuer. De plus, cette variation est différente suivant la longueur d'onde du radiomètre. La reconstruction d'un PSI tenant compte de tous ces effets sera par conséquent nécessaire.

Un programme d'observation photométrique à haute résolution du Soleil a récemment été mis en place. Le Precision Solar Photometric Telescope Program (PSPT) fait parti du projet RISE (Radiative Inputs of the Sun to Earth) d'observation des variations de l'irradiance totale. Le PSPT sera constitué à terme de trois télescopes identiques observant dans la raie K du calcium ionisé à 393,3 nm et dans le continuum. La localisation de ces télescopes à des endroits différents sur le globe permettra d'obtenir une série temporelle qui sera le moins possible perturbée par l'interruption jour-nuit. Les images du disque solaire auront une précision photométrique de 0,1% et permettront l'étude détaillée de l'assombrissement centre-bord du disque, des structures photosphériques (telles les facules et les taches) et des chromosphériques (telles les plages). Les images fourniront aussi des mesures précises des coordonnées des taches, de leur ombre et pénombre ainsi que de leur contraste. Ce projet concerne une étude à long terme de l'influence de différents éléments photosphériques sur l'irradiance totale contrairement aux instruments du satellite SOHO qui n'opèreront ``que'' pour une durée maximale de 6 ans. Un premier instrument est installé à l'observatoire de Rome et fournit déjà des images. Un second télescope est en cours de construction et sera installé à l'observatoire de Sacramento Peak.

N'oublions pas que le principal vecteur de la variation des différents indices de l'activité solaire, dont l'irradiance totale, est le champ magnétique. Le télescope franco-italien THEMIS (Télescope Héliographique pour l'Etude du Magnétisme et des Instabilités Solaires), inauguré il y a peu de temps sur le site de l'observatoire de Tenerife (Canaries), a été conçu pour l'observation des structures fines du champ magnétique et des mouvements de la matière dans l'atmosphère solaire. Il va donc fournir des données quantitatives sur le vecteur champ magnétique à diverses altitudes et des informations sur la concentration du champ magnétique à très petites échelles. Sachant que ces structures magnétiques à très petites échelles peuvent avoir une influence non négligeable sur les variations de l'irradiance solaire (Solanki 1994), les résultats des analyses de données de ce télescope seront eux aussi de la première importance pour la compréhension des mécanismes gouvernant la variabilité de l'irradiance totale.

Nous entrons actuellement dans une période au cours de laquelle des données à haute résolution du Soleil seront disponibles en abondance. L'interprétation des décalages que nous avons trouvés entre les séries temporelles relatives aux champs magnétiques et celles relatives aux radiations émises par les différentes couches du Soleil sera alors possible. La poursuite de ce travail permettra de mieux comprendre la dynamique de la zone convective, photosphérique et chromosphérique et les mécanismes qui sont à la base de la variabilité du Soleil.



Comparaison Conclusion

Vigouroux Anne
Jeudi 12 Septembre 1996