Chapitre 2
2.1.1 Stabilité convective
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La convection est un phénomène clé dans la compréhension de la structure et de l'évolution stellaire pour des raisons évidentes et directes liées aux fortes contraintes qu'elle impose à la stratification thermique et pour des raisons indirectes et moins évidentes telles que le mélange chimique, le transport de moment angulaire, l'action de la dynamo magnétique, l'activité de surface et les vents stellaires. Tous ces phénomènes prennent naissance dans la dynamique de la zone de convection et à travers eux, la convection influence non seulement l'évolution des étoiles, mais aussi leur interaction avec le milieu interstellaire.
Au début du vingtième siècle, la convection est supposée être
le phénomène de base qui transporte l'énergie de
l'intérieur à la surface de l'étoile. C'est ainsi que R. Emden
décrit, en 1907, l'intérieur des étoiles, dans un livre considéré
comme le premier texte de base sur ce sujet. Or en 1906, K. Schwarzschild
trouve que les phénomènes radiatifs peuvent être, pour de hautes
températures, un mécanisme de transport de l'énergie tout aussi
efficace. Il développe le concept d'équilibre radiatif et
l'applique aux couches atmosphériques du Soleil. Il introduit de plus
un critère général permettant de décider si une couche dans
une étoile est dans un état convectif ou radiatif. Il suggère enfin
que sous l'atmophère solaire, la convection se substitue aux
couches radiatives, son principal argument devant être l'observation
des granules
solaires (Schwarzschild 1961).
En 1926, Eddington écrit le second livre de base sur l'intérieur
stellaire dans lequel il applique le phénomène d'équilibre
radiatif à toutes les étoiles et du centre à la surface. Il n'y est
pas question de convection. Ce n'est qu'au début des années 30 que le
débat transport d'énergie radiatif versus transport d'énergie
convectif est considéré en détail. En 1930, Unsöld, puis en
1932, Siedentopf, trouvent que la granulation peut être traitée
en terme de mouvements convectifs causés par une instabilité provenant
de l'ionisation de l'hydrogène.
La théorie de la
longueur de mélange est la seule à cette
époque qui puisse dire si le transport de l'énergie par convection est
un mécanisme efficace ou non. Introduite par Prandlt à partir de 1915
pour des expériences
de laboratoire, Biermann l'utilisa pour étudier le probl`eme de
la convection
stellaire en 1932. Mais il faut alors connaitre la
longueur de mélange. Unsöld et Biermann, par analogie avec les
expériences de laboratoire, supposent que la profondeur
de la zone convective est liée à la taille des phénomènes observés
en surface.
Ils estiment donc la longueur de mélange à
quelques centaines de kilomètres
ce qui correspond en effet à la taille de l'ordre de 1000 km des granules
observés à la surface. Mais au fur et à mesure que la thérie
se développe, il est constaté que cette profondeur a été
largement sous-estimée et que par conséquent, il y a une
grande différence entre les expériences de laboratoire et la zone
convective du Soleil ! Cette différence est exprimée en terme de
variation de densité avec la profondeur dans le Soleil alors qu'en
laboratoire, la densité est pratiquement constante sur toute
l'épaisseur de la couche convective. Richardson et Schwarzschild
(1950) prennent alors en compte cette variation de la densité
avec la profondeur pour estimer la
taille des granules en surface : ils trouvent un diamètre de 150 km.
La nécessité de faire des observations de la surface du Soleil
à partir d'un ballon, afin d'avoir une résolution meilleure que les
700 km de l'époque devient dès lors évidente.
L'expérience est menée en 1957 : la résolution est de 300 km,
la taille des granules déduite des observations est de 700 km et
une première estimation de leur temps de vie est faite et mène à
la valeur de 8 mn (Schwarzschild 1959).
Au fur et à mesure des années, les observations s'affinent et la
théorie se développe. En 1962, Leighton, Noyes et Simon (Leighton
et al. 1962) observent que la photosphère entière est animée
d'oscillations à 5 mn. Leur dopplergrammes (diagramme des vitesses
verticales) montrent de plus l'existence de structures à grande échelle,
la supergranulation.
Dans les années 80, la plupart des astronomes solaires pensent que
la granulation est le fait d'une convection pénétrante plutôt
que celui de la turbulence. Les caractéristiques des granules sont
supposées bien mesurées (taille, durée de vie) bien que les processus
physiques gouvernant leur pénétration dans la photosphère ne soient
pas encore bien compris.
En 1985, l'observation à l'aide du polarimètre SOUP embarqué à bord de la navette
spatiale américaine, produit un film de 40 mn exempt de perturbation
atmosphérique et de guidage.
Aujourd'hui des images d'excellente qualité sont obtenues au télescope du Pic du Midi et à celui de l'Observatorio del Roque de los Muchachos à la Palma (Iles Canaries). Des modèles numériques à trois dimensions, utilisant les équations hydrodynamiques et les propriétés thermodynamiques du plasma solaire, simulent d'une façon quantitativement correcte les phénomènes observés sur le Soleil (voir Nordlund et Stein 1995, pour une discussion générale de ces modèles).
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