Chercheur: T. Passot
Collaborations: N. Ercolani, R. Indik, et A.C. Newell (Tucson)
Objectifs: Description des défauts topologiques des
textures convectives à l'aide de l'équation de phase.
La modélisation macroscopique de structures localement
périodiques de type rouleaux de convection présente encore
des défis importants pour les mathématiciens.
Dans le cas où l'on peut définir une seule phase , qui est un mode lent,
la description de la texture à grande échelle se simplifie car il
est possible d'éliminer la structure tridimensionnelle complexe
du rouleau de base.
Dans la limite où le rapport
entre la longueur d'onde
typique et la
taille du récipient est très petit, nous avons établi des
preuves rigoureuses de l'existence et de la forme des solutions de
l'équation de phase stationnaire (à nombre de Prandtl infini).
La solution du problème stationnaire revient à minimiser une
énergie
qui est la somme d'une énergie associée à la
courbure du rouleau et d'une énergie résultant de la
différence entre le nombre d'onde local et le nombre d'onde
sélectionné.
Un problème différent mais très étroitement relié est
défini par l'égalité entre les deux énergies introduites plus
haut. Cette réduction ``self-duale'' (qui donne lieu à une
équation aux dérivées partielles du second ordre et non plus du
quatrième ordre) conduit à des solutions qui
sont également solutions du problèmes original quand la courbure
de Gauss du graphe de la phase est nulle. Pour un grand nombre de
textures observées la courbure s'annulle presque partout, sauf en
un certain nombre de courbes et de points. De manière générale
cependant, les solutions obtenues dans le cas self-dual donnent des
bornes supérieures à l'énergie. Le point remarquable est que
dans un cas simplifié (valable quand le nombre d'onde ne
s'écarte pas trop du nombre d'onde sélectionné), l'équation
self-duale peut être linéarisée et conduit à des solutions
explicites que l'on contrôle parfaitement dans la limite
. Dans des cas particuliers il est également
possible de trouver une borne inférieure à l'énergie qui est
égale à la borne supérieure. On obtient donc un minimiseur
explicite de l'énergie, qui n'est pas nécessairement unique
(Ercolani et al. 2000).
Une limitation de ce travail est que la physique est invariante dans
un changement de signe de la phase alors que l'énergie utilisée
pour l'obtention les solutions associe un fort coût à cette
rotation de
du vecteur d'onde.
Les minima de l'énergie trouvés précédemment ne sont donc
pas nécessairement les minima du problème qui tient compte de
l'ambiguité de signe. De telles solutions peuvent être
réalisées sur une surface de Riemann à deux feuillets, la
coupure se trouvant sur le lieu où se trouve le changement de
signe.
La théorie de l'équation de phase valable pour les champs de
vecteur, donne comme solution asymptotique les solutions de
l'équation eikonale
.
La surface de phase consiste en des morceaux où le nombre
d'onde est constant, séparés par des défauts lignes appelés
joints de grains qui contiennent presque toute l'énergie et qui se
recontrent en des défauts points de topologie non-triviale, les
désinclinaisons.
Nous avons testé la théorie sur l'équation de
Swift-Hohenberg à l'aide de solutions numériques obtenues
dans le cas d'un récipient à frontière elliptique. Des
expériences de laboratoire ont également été faites dans
cette géométrie avec une frontière chauffée, permettant aux
rouleaux de rester parallèles aux bords.
La théorie prédit des rouleaux parallèles aux frontières du
récipient qui se rencontrent au centre sur un joint de grain.
Les solutions observées dans les simulations ou dans
l'expérience ``préfèrent'' transformer le joint de grain à
angle important en rouleaux droits connectés par des
dislocations, solution qui a une énergie plus
petite. La transition entre
ces deux solutions possibles a été étudiée théoriquement
sur un joint de grain isolé et apparaît pour un angle
d'environ , ce qui a été vérifié dans les simulations
numériques (Ercolani et al. 2002).
Nous allons maintenant tenter de résoudre le problème dans sa globalité, c'est à dire en tenant compte de l'ambiguité de signe du vecteur d'onde. Pour cela, il faut résoudre à la fois le problème de minimisation et le problème géométrique (nombre et position des singularités). Quelques pistes sont actuellement en cours d'exploration.