Présentation 1.1 Le Soleil est une étoile Première page


Chapitre 1 : Introduction

Au XIX siècle, les étoiles étaient considérées comme des objets lumineux, sphériques et symétriques. Leur énergie étaient supposée provenir de celle libérée par la contraction gravitationnelle. Mais dans ce contexte, le temps de vie évalué pour le Soleil était trop faible pour concorder avec l'âge des structures géologiques, le développement de la vie et l'apparition des espèces.

Ce n'est que dans la première moitié du XX siècle, suite à la découverte de la source d'énergie nucléaire, que le temps de vie du Soleil est revu à la hausse. Cette découverte impliqua aussi de nouvelles théories : les étoiles sont alors comprises comme des systèmes en équilibre dans lesquels l'énergie perdue par radiations émises à la surface est compensée par la production interne d'énergie nucléaire. Il est supposé, conformément aux principes de la thermodynamique, que l'étoile est en équilibre de pression hydrostatique et que le gradient de température vers l'extérieur est monotonnement négatif.

Il faut attendre la seconde moitié du XX siècle pour que graduellement, les physiciens soient forçés d'admettre qu'une étoile n'est pas un système en équilibre et que l'énergie est perdue à la fois sous forme de matière et de radiations. Le gradient négatif de température est remplacé par une élévation brusque de celle-ci à travers la chromosphère et la couronne. Ces caractéristiques de l'atmosphère solaire, d'abord considérées comme étant particulières au Soleil, sont ensuite étendues à la plupart des étoiles évoluées. Puis, des phénomènes actifs, tels ceux apparaissant sur le Soleil (taches, éruptions, etc), sont observés sur les étoiles. Les études menées sur le Soleil montrant que l'activité solaire est une manifestation de l'interaction entre les mouvements de plasma et le champ magnétique, et la généralisation de ces phénomènes d'activité à d'autres étoiles prouvent la présence universelle et l'importance des champs magnétiques stellaires. Cette découverte est très importante même si l'énergie associée au champ magnétique est en fait bien plus faible que celle emmagasinée dans les mouvements de convection et de rotation du plasma stellaire. Jusqu'alors, on croyait que la structure d'une étoile en équilibre était déterminée par son âge, sa masse et sa composition chimique. La découverte de l'universalité des champs magnétiques et des différents effets imputés à cette même cause, conduit alors à admettre que deux étoiles de même masse et même composition chimique peuvent avoir une structure atmosphérique (et probablement interne) totalement différente.

Le champ magnétique et ses interactions avec les mouvements de plasma peut donc être la clé de phénomènes aussi divers que l'apparition de petites régions actives éphémères ou de spicules sur le Soleil. Cette constatation a bien sûr créé un regain d'intérêt sur ces interactions et sur tous les phénomènes visibles qui en découlent. Un exemple est celui des taches solaires qui sont observées depuis longtemps et étudiées avec beaucoup d'attention. Cependant, leur origine et leur structure restent encore des mystères. Au tout début de leur découverte, les taches sont considérées comme des défauts. Puis ensuite, elles sont considérées comme des sphères parfaites, puis des trous dans l'atmosphère solaire par lesquels il était possible de voir l'intérieur du Soleil qui est alors supposé plus froid que son atmosphère. Ensuite, par analogie avec les phénomènes atmosphériques terrestres, elles deviennent des tornades de surface. Actuellement, les taches sont reconnues comme faisant parties des régions actives dans lesquelles de grandes concentrations de champs magnétiques émergent à travers la surface. Un aspect intriguant des taches est le cycle de 11 ans avec lequel varie leur nombre annuel. Heinrich Schwabe, pharmacien et astronome amateur allemand, fait la première allusion à un cycle de 10 ans en 1843. Plus récemment, la période du cycle a été affinée à 11,1 ans en moyenne, et il a été découvert que d'autres phénomènes varient avec cette même périodicité. Aujourd'hui, le terme cycle d'activité solaire est utilisé pour désigner toute variation cyclique de ce genre. A l'époque de Schwabe, les taches n'étaient qu'une curiosité ; elles sont maintenant reconnues comme étant une des facettes d'un type plus général d'activité stellaire.

Alors que certaines classes d'étoiles variables ont été reconnues comme telles au XIX siècle (les Céphéides et RR Lyrae), il était généralement admis que les propriétés des étoiles restaient inchangées au moins sur des échelles de temps de l'ordre de l'échelle humaine. Reconnaître que la variabilité est une propriété universelle des étoiles, qu'elle peut se manifester sous plusieurs formes et que les taches n'en sont qu'un aspect particulier fut un des grands pas fait dans le développement de la connaissance de la physique stellaire durant ce siècle. Bien que l'observation solaire soit de loin la plus aisée, les investigations stellaires sont cependant très importantes (Baliunas et Jastrow 1990, Noyes et al. 1991, Baliunas 1991, Baliunas et al. 1991). C'est en effet de cette façon que l'on peut étudier la dépendance de l'activité stellaire avec des paramètres tels que l'âge, la taille, la température de surface, la vitesse de rotation et la structure de la zone de convection, paramètres qui restent fixés pour le Soleil.





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Vigouroux Anne
Vendredi 13 Septembre 1996